La douce voix d’Elise Lucet

ecriture de livreC’était un rituel bien huilé. Tous les jours à 13H, je me préparais à déjeuner en écoutant la voix rassurante d’Elise Lucet qui lançait son journal. Je mangeais apaisée par ses reportages aigres-doux et puis à 13H30, au moment des « cinq dernières minutes », je sirotais déjà mon cappuccino. 14H, c’était l’heure à laquelle je m’y remettais. Les journées étaient chargées. Lunettes sur le nez, œil fixe devant mon écran d’ordinateur, j’avais toujours quelques minutes d’hésitation : envoyer des CV, tenir à jour mon blog ou bien écrire pour moi, rien que pour moi. En général, j’envoyais un ou deux CV pour avoir bonne conscience et à 14H30, mon devoir était fait. Je pouvais alors commencer à écrire. Pas sur mon blog, une aix-parisienne à Paris,…n’importe quoi ! Ça n’avait plus de sens.
J’écrivais un roman, une histoire tout droit sortie de mon imagination. Une histoire que j’aurais aimé lire ou bien que j’aurais aimé vivre. Les deux, sans doute. J’écrivais, c’était tout ce qui comptait. J’adorais ça. J’étais toute excitée d’inventer mes personnages et impatiente de mettre des mots sur ce qui allait leur arriver. Je savais déjà ce qui allait faire vibrer Juliette dans les prochains jours, mais cela prenait du temps de tout verbaliser. Parfois, je me laissais surprendre par un sentiment nouveau. Qui aurait pu croire que Marc réagirait ainsi ? Mes doigts avaient été plus vite que mon cerveau. C’était là, précisément là que c’était bon. Une euphorie s’emparait de moi. J’étais géniale, mon histoire était géniale. J’étais une grande artiste !
16H, c’était l’heure du thé vert. Je relisais. Et quand le téléphone sonnait, c’était un drame. Pour peu que ce soit un de ces satanés cabinets de recrutement, c’était une contrariété immense. Pourquoi venaient-ils donc troubler ma quiétude ? Je me concentrais. Blabla…un discours bien rôdé, mais qui sonnait faux : « Oui, bien sûr je suis très intéressée. J’adorerais travailler chez Mastercard. ». Le charme était rompu. Il fallait que je sorte faire du sport. Du Body Attack, souvent. Quelle vie ! A 18H, j’entendais la musique, je reproduisais les gestes comme un automate. J’étais dans ma bulle. Ça y est ça revenait. Juliette avait besoin d’exotisme, j’allais l’envoyer en Thaïlande. Je transpirais à grosses gouttes. Quel bonheur! J’étais bien, juste bien. 19H, les parisiens sortaient de leur bureau et s’engouffraient, pressés, dans le métro. Moi, j’enfourchais un velib, sereine. Je me douchais, je préparais un dîner que nous savourions à deux. Plus tard, nous nous laissions bercer par une série américaine. Captivante, sans aucun doute. J’avais hâte d’être au lendemain.
Voilà en bref ce qu’a été ça ma vie pendant quelques mois. Certains y voyaient chômage, vide et  inactivité. Moi, j’y voyais juste du plaisir et de la créativité. Un luxe.

La suite, bientôt.

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4 Responses to La douce voix d’Elise Lucet

  1. Clara dit :

    Lol, j’ai adoré lire ton récit ^^ Moi lorsque j’étais au chomage j’essayais autant que possible d’occuper mes journées, faire tout plein de choses, ne pas rester innactive et cela reste aussi pour moi un très bon souvenir ;)
    Des bisous

    Clara

  2. H2rOse dit :

    C’est tellement ça… sourire. Merci pour ce billet ! ^^

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