Torturer les phrases, braconner les mots.

Sylvie TellorAvez-vous appris à écrire ? A bien écrire, avec le style et la grammaire qui conviennent ? Ou comme une majorité, votre apprentissage du « bien rédiger » s’est-il arrêté au bac ? Le reste, vous l’avez travaillé seul à force de lecture et de maturité.
Moi, j’ai peu écrit pendant mes études. J’ai surtout calculé, retenu par cœur et réfléchis (un peu). L’écriture, c’est venu plus tard. Dans l’histoire d’un déclic, je vous ai raconté comment j’ai commencé Le verre à moitié vide. Voici maintenant le chemin parcouru jusqu’à l’auto-publication.
Il m’a fallu 7 mois pour pondre la 1ère version de mon livre. Une fois terminée, il m’est apparu évident qu’il me fallait un cobaye pour la lire et voir si ça tenait la route, si ça valait la peine que j’y consacre plus de temps pour l’améliorer. C’était tellement impudique de livrer à quelqu’un toutes ces pages, je ne savais qui choisir. J’ai fini par le confier à mon mari. Le pauvre a été forcé de le lire en 24H avec moi à côté, guettant la moindre de ses réactions. Il a ri, a été pris dans l’intrigue et vraiment, m’a félicité. Comme son avis manquait clairement d’objectivité, je ne me suis pas senti pousser des ailes pour autant, mais j’ai été rassurée. D’ailleurs, il a aimé au bémol près qu’effectivement, le texte méritait d’être retravaillé. J’ai relu, 10 fois, 15 fois, 20 fois en l’espace de 2 mois pour en faire une 2ème version exploitable. Parce qu’il m’a aussi fallu me remettre au travail (un vrai travail, avec un salaire à la clé). J’ai donc repris une activité, retrouvé une vie sociale, avec de nouveaux collègues (Julien, merci pour la couv) et un nouveau rythme. Et puis, j’ai imprimé et lu mon œuvre sur papier pour la 1ere fois. C’était ni fait, ni à faire ! J’avais trop modifié mon texte, ce n’était plus drôle et c’était devenu lourd.
Je travaillais désormais, je n’avais plus devant moi que les week-ends pour faire mieux. Il m’a à peu près fallu 25 week-ends d’écriture non-stop et 20 relectures de plus pour aboutir à la 3ème version. La version que je souhaitais envoyer aux éditeurs, car c’était devenu ça la finalité. 1 an et 1/2 après le début de l’aventure, j’ai donc envoyé 10 exemplaires de mon roman (avec la petite lettre qui va bien) à 10 éditeurs préalablement sélectionnés. Bilan : 6 refus (dont 1 seul étayé). J’ai alors fait une pause bien méritée, 2 mois sans rien écrire. Un soulagement ! Je n’en pouvais plus, j’étais frustrée de n’avoir su faire mieux.
Après la pause, j’ai décidé de l’auto-publier en version numérique pour qu’il soit lu, pour que cette histoire vive ailleurs que dans ma tête. J’ai hésité à payer un correcteur. J’ai abandonné l’idée, je ne voulais pas qu’il change mon texte. J’ai tenté de le faire lire pour avis, sans franc succès… Bref, sur ce coup-là, j’ai décidé de ne compter que sur moi-même. J’ai donc fait une ultime relecture (j’ai juré à mon mari que c’était vraiment la dernière – le pauvre n’en pouvait plus) et, 2 ans après avoir tapé « Juchée sur un tabouret de bar, je commande un verre en l’attendant. », j’ai mis en ligne Le verre à moitié vide. La fin d’un travail colossal !
Jamais je n’aurais imaginé consacrer autant d’heures de travail à un tel projet, mais il me tenait à cœur et j’avais vraiment besoin de le voir naître.
C’est un bonheur immense de l’avoir fait et une joie extrême d’avoir quelques lecteurs et des retours positifs, même si (soyons honnête) je suis un peu déçue de ne pas déjà avoir été invitée chez Ruquier pour parler de mon chef-d’œuvre ;-). Bref, j’ai attrapé le virus et le deuxième livre est en route.

Et vous, misez-vous sur les ateliers d’écriture ou ne faites-vous confiance à vous-même et à votre « plume » ?

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